Assurer la protection des salariés du milieu agricole
Mis à jour le 07/10/2021
Dr Pascale Herbrecht, Médecin du travail et Philippe Bunner, Viticulteur à Bennwhir
Assurer la protection des salariés du milieu agricole
Assurer la protection des salariés du milieu agricole passe aussi par les protéger avec des mesures de santé et sécurité au travail (SST), quel peut-être le rôle de la MSA et de ses élus à ce niveau ?
Dr Pascale Herbrecht : Depuis quelques années maintenant, les problématiques liées à la santé et sécurité au travail émergent et deviennent d'intérêt public. C’est le cas en agriculture aussi et en particulier dans la viticulture. Le rôle du service de santé au travail de la MSA d’Alsace, en partenariat avec les service prévention des CAAA, est de faire en sorte que les salariés, mais aussi les exploitants, ne tombent pas malades du fait de leur travail.Philippe Bunner : Etre élu, c'est permettre une meilleure compréhension de la MSA. J'ai envie d'intégrer un maximum de personnes, même si ce n'est pas toujours simple, afin de faire bouger les choses. J'ai toujours été attentif à la santé de mes salariés et de ma famille qui travaille également sur l'exploitation. J’ai à cœur de prendre soin de mes collaborateurs. Un aménagement du temps de travail est très important pour que chacun puisse avoir un rythme qui correspond à ses capacités.
Pour accompagner les employeurs et répondre à leurs besoins ainsi qu’à ceux des salariés, il faut qu’un travail de fond soit effectué pour recenser les actions à mettre en place et pour proposer des solutions adéquates. En tant qu’élu et employeur de main d’œuvre viticole, il est plus facile pour moi de comprendre les attentes de mes confrères et de les faire remonter à la MSA pour mettre en place des actions concrètes.
Vous parlez d’actions concrètes, avez-vous un exemple à nous donner ?
Dr Pascale Herbrecht : Les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont un des soucis auxquels nous sommes le plus confrontés en viticulture. Afin de proposer des mesures préventives efficaces visant à empêcher leur apparition, nous avons proposé à M Bunner de tester au sein de son exploitation une nouvelle méthode d’exercices physiques adaptés à l’activité, développée par la société ETIREO.Philipe Bunner : Le travail dans les vignes est effectivement très physique et peut être à l'origine de nombreux maux comme par exemple des douleurs aux épaules et au dos ou un syndrome du canal carpien. Nous nous devons d’être particulièrement vigilants sur trois grandes périodes : la période de taille, la période des vendanges et la période de palissage. Nous ce que nous cherchons, c'est à réduire significativement les TMS de manière efficace et durable en créant des automatismes, ce qui est le plus difficile à mettre en œuvre. C'est pourquoi nous menons un projet conjointement avec Etireo, axé sur le bien-être au travail et sur la préparation physique des salariés.
Quel est ce programme de prévention ?
Philipe Bunner : Ce programme, dont le développement a été soutenu par la CAAA est pour le moment en phase de test. Nous en évaluons seulement les premiers résultats. C'est un programme d'échauffement et d'étirements qui propose des sessions d’exercices à réaliser avant de commencer le travail, pendant les pauses et après les efforts. Ce test a été mené entre fin juin et la fin des vendanges sur mon exploitation. Un coach sportif s’est déplacé pour animer des séances d’exercices qui ont été suivies par 90-95 % des salariés.Dr Pascale Herbrecht : Si les retours de ce test sont satisfaisants , nous prévoyons de pérenniser l’action au sein de l’exploitation puis de la proposer à d’autres exploitations viticoles alsaciennes. Pour cela, il faudra former des relais parmi les salariés qui puissent assurer un exercice physique quotidien à leurs collègues. C’est en intégrant ce programme dans le travail réel et en le poursuivant dans le temps, que l’on permettra une diminution des troubles musculo-squelettiques et de leurs conséquences graves sur les personnes aussi bien que sur l’exploitation.